Quand le JE du maire nous oblige à quitter le Conseil

L’intérêt de ce blogue est de pouvoir relayer la teneur des débats du Conseil d’arrondissement qui manquent de publicité, surtout lorsque ce Conseil connaît un incident comme ce fut le cas lors de la séance du 26 janvier dernier.
Quelques minutes avant le Conseil d'arrondissement du 26 janvier 2015

Quelques minutes avant le Conseil d’arrondissement du 26 janvier 2015

L’ordre du jour ne s’y prêtait pourtant pas. Il était très court : un débat sur les budgets participatifs et sept délibérations plutôt consensuelles. J’avais notamment prévu, à propos de la délibération relative aux permanences juridiques en mairies d’arrondissement des avocats de l’Ordre au Barreau de Paris et attribuant une subvention à ce dernier, d’intervenir pour savoir, tout d’abord, si je pouvais m’exprimer.L’explosion normative des dernières années a rendu le droit tellement complexe que la communication sur les consultations gratuites aux Parisiens est plus que nécessaire. Je ne pouvais donc qu’être favorable à cette délibération (reprise d’ailleurs chaque année depuis 1977). Mais pouvais-je la voter, étant moi-même inscrit au tableau de l’Ordre des avocats du barreau de Paris ? Cette question n’est pas si simple lorsqu’on s’intéresse là encore à la jurisprudence incertaine des conflits d’intérêts, surtout depuis que les socialistes, en raison des dernières turpitudes de certains de leurs membres proches du président Hollande, en voient partout (sauf peut-être dans le fait d’être fonctionnaire et parlementaire, participant ainsi au vote du budget qui alloue chaque année les crédits du corps d’appartenance). Mais, malheureusement, cette interrogation sur mon droit à participer au débat a été tranchée indirectement plus tôt.

Car, avant même l’examen de la première délibération, le groupe UMP dans son ensemble a dû quitter l’enceinte de la salle du Conseil.

Pour comprendre ce départ, il faut revenir au vendredi précédent ce conseil, lorsque Valérie Montandon, notre présidente de groupe, a sollicité par mél une « courte prise de parole » sur les évènements des 7 et 9 janvier dernier (voir son édito supra) qui a été tout simplement refusé par la voix du chef de cabinet, de manière laconique, administrative. Tout était organisé, notamment « une séquence » (comme au cinéma) destinée à féliciter et remercier les acteurs locaux ; « Madame la Maire » prendrait la parole pour leur rendre hommage. Seule donc, sans égard pour la diversité de la représentation démocratique, sommée de s’effacer devant une voix univoque.Comment comprendre cette attitude de refus alors que ces actes ont touché tous les habitants du 12e arrondissement ? Dans d’autres arrondissements (comme, exemple pris au hasard, le 15e où siège Madame HIDALGO) des membres de l’opposition ont pu s’exprimer. Pourquoi cette spécificité du 12e arrondissement ?

Le jour du Conseil, donc, Madame le maire s’exprime. Et loin de moi l’idée de remettre en cause cette déclaration où elle a rendu un hommage mérité aux personnes qui, confrontées soudainement à l’imprévu du pire de la nature humaine, ont anonymement fait preuve du meilleur. Les agents concernés par le confinement des écoles du 12e  et présents dans le public ont été chaleureusement applaudis par l’ensemble des membres du Conseil. Je noterais simplement qu’il fut beaucoup question, dans le discours du Maire, de ses propres gestes et émotions alors que les circonstances auraient souhaité un propos plus impersonnel, eu égard à l’exigence de représentativité de tous les élus, revendiquée par elle, qui plus est.

La suite du conseil devait reprendre son cours et la parole (désormais strictement encadrée par un règlement intérieur tatillon) fut donnée à Corinne Tapiero. Elle a saisi cette occasion pour lire à son tour une déclaration sur la prise d’otages funeste de l’Hyper casher par un individu se revendiquant de l’islam radical. A la fin de ce discours dont l’expression tenait à cœur à Corinne Tapiero, le Maire a subitement et contre toute attente pris cette déclaration pour une attaque personnelle ! « Je n’ai pas de leçon à recevoir ! » s’est-elle exclamée avec véhémence. Revendiquant définitivement le monopole de l’hommage, elle empêche également Valérie Montandon, présidente du premier groupe d’opposition qui a réuni 47% des suffrages, de prendre la parole, ne serait-ce que pour justifier l’intervention de Corinne Tapiero et apaiser une tension inutile.

Pourquoi Madame Baratti-Elbaz s’est-elle sentie ainsi visée par cette déclaration d’un membre de l’opposition ? Pourquoi s’est-elle cru obligée de prendre pour une tentative de dénigrement personnel ce qui n’était rien d’autre que l’expression légitime d’une association active à l’hommage rendu ?

Certains pourraient trouver une explication dans l’égo de Madame Baratti-Elbaz : du « moi je » et encore du « moi je »…  Mais seules les conséquences politiques sont intéressantes et extrêmement regrettables car son attitude porte atteinte à la liberté de parole des élus.

Pire, ce moment a révélé que la façon unilatérale de considérer « l’unité nationale » dans des circonstances qui la justifient pourtant naturellement n’est en somme qu’un artifice politique utilisé pour décourager toute expression qui oserait s’émanciper du monopole imposé.

Si l’unité nationale devient « l’unité c’est moi », il ne faut pas s’étonner en effet qu’une initiative spontanée et complémentaire soit vue par celui qui personnalise l’expression publique comme une tentative de déstabilisation politique.

Ne souhaitant pas que l’on instrumentalise plus longtemps ces tragiques événements, nous demandons simplement au Maire de s’en tenir dorénavant au respect des principes élémentaires de l’expression démocratique, ce qui passe par celui de la minorité. En toutes circonstances…

MS

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