A la conquête de l’espace : la surélévation ?

Construction de l’auberge de jeunesse de la place de la Nation, en bois et en surélévation par Linkcity (photo prise le 7 décembre 2019)

Construire la ville sur la ville ? Tel est le crédo de nombre d’experts de l’urbanisme depuis les années 90. Le risque est la surdensification ou une menace de destruction de l’ancien. Une voie intermédiaire et ancienne existe : la surélévation des immeubles qui le supportent (comme le montre l’exemple de l’immeuble au dessus du Casino de la place de la Nation (évoqué ci-après).

En effet, le périmètre parisien étant limité (à l’exception du débat sur Bercy-Charenton) et le débat institutionnel sur un éventuel transfert de la compétence urbanisme à un autre niveau (comme le grand Paris, par exemple) n’étant pas d’actualité, le seul moyen de construire de nouveaux logement est de construire sur du bâti existant.

Seulement, nous sommes attaché trop attaché à l’esprit haussmannien et à ne pas sur densifier, en laissant certains s’attaquer à des ilots de respiration, comme à Netter Debergue ou à Charenton-Meunier, par exemple ou à la construction d’immeubles de grande hauteur. En revanche, dans ce même esprit haussmannien, il est possible de conquérir de l’espace sans attenter à l’espace public ou aux espaces verts en surélevant les bâtiments.

La surélévation des immeubles n’est évidemment pas une nouveauté. Bien au contraire, tous les amoureux de Paris connaissent des exemples de ce mécanisme classique qui permet de gagner de la place (ex de la place Dauphine au XVIIe siècle). L’aménagement des combles ou du grenier, peut même être regardé comme la première étape de la surélévation. Une excellente étude « le foncier de Paris peut-il être aérien – le surhaussement des immeubles« , réalisée par M. Cantal Dupart (équipe de J. Nouvel), dans le cadre l’atelier grand Paris, en octobre 2010, a effectué un recensement de 12 rues de 12 arrondissements, du 9e au 20e (il s’agit de la rue de Picpus pour le 12e arrondissement), permettait de dénicher une quarantaine d’hectares tout en respectant les hauteurs du PLU (voir l’étude ici).

Ce qui change est l’incitation politique à la surélévation réellement efficace.

Chacun sait que la loi ALUR, adoptée en mars 2014, incite de manière très volontaire la surélévation : elle a supprimé le coefficient d’occupation des sols (COS), ouvrant de nouveaux droits à bâtir et a simplifié les règles de copropriété (majorité de vote pour surélevé et fin du droit de véto des propriétaires de dernier étage ). L’apport pour les copropriétés est très important, non seulement du point de vue financier mais aussi en matière d’écologie en récupérer des fonds pour l’isolation ou en permettant l’installation de plaques thermique ou photovoltaïque, récupération d’eaux de pluies, de repenser l’utilisation de la lumière zénithale, etc.

La ville de Paris a certes communiqué sur cette modification et dit avoir aider les démarches mais le résultat n’est pas spectaculaire. Elle a préféré détourner le budget logement en préemptant des constructions déjà existantes ou en déconventionnant plutôt que d’avoir un vrai objectif de construction.

Exemple d’une dent creuse qui pourrait faire l’objet d’une étude de surélévation sans être qualifié de surdensification

L’initiative privée peut donc continuer d’être incitée mais une réflexion peut être menée pour que cette initiative aille au-delà avec une vraie implication de la Ville de Paris en investissant sur ce type de projet pour les remettre ensuite sur le marché à des tarifs plus avantageux, notamment pour les classes moyennes qui ont été les grandes oubliées de l’aire Delanoë-Hidalgo.


L’exemple de ce que la société Linkcity réalise actuellement Place de la Nation, au-dessus du supermarché Casino, est un bel exemple. 1 100 m² vont ainsi être créé, permettant de réaliser une auberge de jeunesse de 39 chambres et 192 lits et un bar-restaurant en terrasse. Et cette immeuble est construit en bois.

Après la continuité des espaces verts que la Droite veut continuer (à l’instar de ce qu’elle a pu créer avec la coulée verte dans les années Chirac), la continuité des toits de Paris.

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