Des lumières pour éclairer le tunnel de l’anarchiste

photoEnfin la sortie du tunnel Proudhon ? Vous savez, ce passage obligé sous les voies ferrées de la gare de Lyon reliant le quartier de Bercy à Daumesnil et Dugommier, et qui est en travaux depuis le 21 janvier 2013 ! Leur achèvement était programmé pour le 2 août 2013 (selon le site de la Mairie de Paris). Mais ils ont été prolongés jusqu’à aujourd’hui pour d’obscures histoires de raccordement de bouches d’égout. J’ose espérer que la Ville a obtenu des indemnités conséquentes pour ce retard, signe flagrant d’un manque de prévision !

En tout état de cause, il paraît que l’aménagement est terminé puisque son inauguration est annoncée le 26 novembre prochain, à 20 heures.

A la vue de cette photo de la semaine, le doute est permis. Surtout si l’on se remémore les beaux discours vendeurs, tenus en 2012,  par l’adjointe en charge de la voirie et des déplacements de l’époque, Catherine Baratti-Elbaz, aujourd’hui tête de liste de notre arrondissement pour le PS.

APRES

APRES

Permettez-moi donc un petit retour en arrière. En 2009, comme de nombreuses personnes empruntant quotidiennement ce lieu, écœurés par la saleté, l’obscurité, le bruit assourdissant qui y régnaient, et par sa dégradation constante depuis la dernière restauration menée dix ans auparavant par l’ancienne majorité, quelques membres du conseil de quartier – auquel j’ai eu le plaisir d’appartenir – ont décidé de solliciter, à chaque réunion, de la Ville qu’elle organise le nettoyage du pont Proudhon puis sa restauration (lumière, écoulement des eaux de pluies, peintures murales), voire son réaménagement plus profond. La Mairie, en manque de projets, semblait avoir pris au sérieux ces revendications… Elle organisa d’abord un nettoyage superficiel. Un an plus tard, en octobre 2011, alors que le pont était à nouveau aussi sale, la Mairie nous ressortit une vieille proposition du placard : faire appel aux élèves de l’école Boulle pour le réa

AVANT

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ménager.

Il y avait de quoi (une fois n’est pas coutume !) se réjouir de ce choix ambitieux, car il s’agit d’une école parisienne d’excellence d’art appliqué, qui plus est logée dans notre arrondissement. Les conseillers de quartiers ont pu rencontrer les élèves, très motivés et créatifs, axés sur la sublimation du patrimoine ferroviaire. Un véritable défi quand on pense que ce travail constitue un des quatre projets de leur année scolaire. Un projet a été retenu : « L’inconnu à heure fixe », dont le but est d’ouvrir l’espace et « donner l’impression à ceux qui emprunteront le tunnel de ne plus le subir » (site de l’école Boulle).

Malheureusement, le résultat est très décevant. Si l’éclairage est amélioré, certaines projections des « noms des villes desservies par la Gare de Lyon » sont peu compréhensibles. Les gouttières sculptées en « tête de lions », vestiges du siècle précédent, ont disparu pour des tubes en PVC. En revanche, la crasse des murs est toujours là. Bien pire, le nouveau revêtement du sol, de piètre qualité, laisse s’accumuler l’eau en de grandes flaques. Sans parler des conséquences de la suppression du faux-plafond qui oblige le passant à garder son parapluie ouvert lors de la trav

ersée du tunnel s’il ne veut pas recevoir des déjections provenant des voies. Et ce n’est pas faute pour certains riverains d’avoir mis en garde la Ville contre ce risque !

Ce projet est symptomatique des méthodes de la majorité sortante. Elle ne s’intéresse aux projets d’aménagement, qui concernent réellement et au premier chef tous les habitants, que lorsqu’une mobilisation efficace parvient à retenir son attention. Et quand elle finit par s’en emparer, en prenant son temps, elle déploie force techniques de communication, via des pseudo-réunions de concertations, pour surestimer des projets qui, in fine, s’avèrent tout à fait quelconque, faute de vrais budgets dédiés ! Jamais bien sûr il n’est fait état du financement et des coûts, toutes choses pourtant que le contribuable parisien est en droit de savoir (dans cette affaire, il est difficile de trouver les chiffres : 300 000 ou 700 000 euros ?).

Une certitude pour le contribuable à ce jour : son argent est assurément mieux mobilisé dans les projets « festifs » évanescents, l’explosion du recrutement de collaborateurs dans le cabinet du maire de Paris ou le versement de subventions à toutes sortes d’associations dont on attend toujours le bilan et l’utilité en termes d’intérêt général.

Matthieu SEINGIER

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